Les mystères des origines de sa famille hantent l'esprit de Fanny Pierre (43 ans) depuis des décennies. Puis, à partir de vieux documents vietnamiens tachés par le temps, cette femme du Mans, en France lointaine, entame son périple à la recherche de sa grand-mère qui vivait autrefois à Gia Dinh…
Dernier espoir
Je vous écris car il y a deux ou trois ans, j'ai appris que vous aviez aidé une jeune fille à retrouver sa famille biologique au Vietnam. Bien sûr, j'ai vraiment besoin de votre aide, si vous l'acceptez ! Vous êtes mon dernier espoir d'éclaircir certains (ou tous) ces mystères, qui restent irrésolus, car je suis complètement perdu et ils me hantent depuis de nombreuses années.
C'est le paragraphe d'ouverture de la lettre que Mme Fanny a envoyée à M. Do Hong Phuc (30 ans), un architecte de Ho Chi Minh-Ville, célèbre pour avoir aidé les étrangers à retrouver gratuitement des proches pendant de nombreuses années.
Fanny avec son père et sa famille en France lorsqu'elle était jeune. Son père, Jacques Pierre, est décédé.
PHOTO : NVCC
À partir de là, le voyage de cette femme pour retrouver ses racines vietnamiennes, qui est aussi le voyage pour décoder les « archives mystérieuses » provenant du Vietnam et de France dans le passé sur son père et son grand-père, a reçu le soutien de nombreux Vietnamiens au grand cœur.
En consultant les documents de son défunt père, M. Jacques Pierre, encore conservés, Mme Fanny a indiqué qu'il était né le 29 août 1949 à Phu Nhuan (Gia Dinh). Ces documents mentionnent le nom de la mère de M. Jacques, Mme Nguyen Thi Cuc (année de naissance inconnue), et celui de son père, M. Yvon Raymond Pierre (né en 1925 en France).
Dans l'extrait de l'acte de naissance de Jacques de 1949, il est clairement indiqué qu'Yvon travaillait comme technicien radio à la Direction générale des chemins de fer d'Indochine (Saïgon pendant la période coloniale française).
Les documents tachés par le temps concernant son père sont des indices qui lui permettent de retrouver sa grand-mère à Gia Dinh dans le passé.
PHOTO : NVCC
Monsieur Jacques dans sa jeunesse et dans sa vieillesse
PHOTO : NVCC
Fanny a raconté que son père avait ensuite été envoyé à la FOEFI, mais elle ignorait quand ni pour combien de temps. Il avait ensuite été placé dans un orphelinat de Mayenne, en France. Après enquête, elle a appris que l'orphelinat avait fermé en 1972. Après son arrivée en France, Jacques a vécu une nouvelle vie sans ses parents biologiques.
D'après les recherches du journaliste, la FOEFI est l'abréviation de l'Association des Enfants Français d'Indochine. Ce système scolaire accueille des dizaines de milliers d'enfants métis en Indochine, dont les pères – soldats français – ne les reconnaissent pas et dont les mères sont peut-être décédées ou ont dû signer une lettre d'engagement pour leurs enfants. La FOEFI a été créée en 1938, initialement pour former une classe de « Français de souche » afin de continuer à gouverner l'Indochine, mais après la campagne de Dien Bien Phu, ce projet n'avait plus de raison d'être.
Indices à l'église Sainte-Jeanne d'Arc aujourd'hui
Selon les informations obtenues par Mme Fanny, son père a été baptisé le 5 décembre 1955 à l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Saïgon. Forts de cet indice, nous nous sommes rendus dans cette église, aujourd'hui située dans le 5e arrondissement (HCMV), pour en savoir plus et obtenir de nouvelles informations.
Les informations conservées par l'Église correspondent à celles fournies par Fanny lors du baptême de Jacques en 1955. Cependant, les registres paroissiaux ne mentionnent que la mère, Nguyen Thi Cuc, et ne contiennent aucune information sur le père. On y trouve également un détail important concernant le nom du témoin de l'époque, un Français nommé « Jean Leguc », étudiant à l'université.
L'église Sainte-Jeanne d'Arc est située dans le 5e arrondissement (HCMC)
PHOTO : CAO AN BIEN
L'église Sainte Jeanne d'Arc conserve les actes de baptême de Jacques en 1955.
PHOTO : DO HONG PHUC
« C'est le parrain de mon père et je n'arrive pas à déchiffrer son nom. Je n'ai jamais entendu parler de lui ! Est-il étudiant à l'université ? Quel lien a-t-il avec la famille de mon père ? Ce n'est vraiment pas facile ! » Tant de questions hantaient Mme Fanny à cause de ce nom.
À 20 ans, Fanny a commencé à faire des recherches sur son arbre généalogique pour retrouver son grand-père français. Chemin faisant, elle a retrouvé les demi-frères de son père.
D'après leurs partages ainsi que les documents retrouvés, Mme Fanny a appris que M. Yvon a épousé une autre Vietnamienne et a eu une fille née à Tourane en 1956. On sait que de 1888 jusqu'à la fin de la période coloniale française, Tourane était le nom officiel de Da Nang , au Vietnam.
Fanny a raconté que son père avait ensuite été envoyé à la FOEFI, sans savoir quand ni pour combien de temps. Il a ensuite été placé dans un orphelinat en Mayenne (France).
PHOTO : NVCC
Plus tard, M. Yvon et son épouse eurent un fils, né en Allemagne en 1958 et vivant aujourd'hui en France. M. Yvon décéda en 2000. Cependant, aucun d'eux n'avait la moindre idée de l'existence de Mme Nguyen Thi Cuc, que l'on croyait être la mère biologique de M. Jacques.
Décoder les grandes questions de la vie
« J'ai vraiment envie de connaître mes origines et de reconstituer tous les indices de ce puzzle, de connaître l'histoire de mon père, qui est aussi ma propre histoire et celle de mes enfants », a partagé avec émotion Mme Fannny.
Au fond d'elle-même, elle souhaitait vraiment connaître les racines de son père, du côté de sa grand-mère au Vietnam. Elle comprenait que ce n'était pas facile, car elle ne savait absolument rien de sa grand-mère, pas même sa date de naissance.
« Pourquoi ma grand-mère a-t-elle quitté son fils ? », « Est-elle mariée ? », « A-t-elle d'autres enfants ? », « Quel âge avait-elle lorsqu'elle a donné naissance à mon père ? », « Comment étaient les parents de ma grand-mère ? »... d'innombrables questions la concernant lui trottent dans la tête, mais la Française n'a pas une seule réponse.
M. Do Hong Phuc soutient Mme Fanny dans ce voyage.
PHOTO : CAO AN BIEN/NVCC
Fanny et son mari Frédéric vivent actuellement heureux en France avec leurs deux enfants, Héloïse, 10 ans, et Alexandre, bientôt 7 ans. Elle espère un jour visiter le Vietnam pour en apprendre davantage sur le pays où son père est né. Ce serait merveilleux si cette Française pouvait résoudre le mystère des archives de son père et trouver des réponses aux questions sur sa grand-mère à Gia Dinh.
« Si quelqu'un la connaît, ce serait formidable. N'hésitez pas à parler en ma faveur, car ma grand-mère est peut-être partie. Si j'ai des informations à son sujet, je pourrai peut-être tourner la page et aller de l'avant. Cette histoire me touche et m'attriste au plus profond de mon âme, au plus profond de mon cœur. Il me manque une partie de mon histoire », a-t-elle partagé.
M. Do Hong Phuc a déclaré qu'avec les informations contenues dans le dossier, il faisait de son mieux pour trouver des indices concrets. Si vous disposez d'informations concernant Mme Nguyen Thi Cuc figurant dans le dossier, veuillez contacter le 0979.283.523 (contacter M. Phuc). La Française lui en est extrêmement reconnaissante !
Thanhnien.vn
Source : https://thanhnien.vn/nguoi-phu-nu-phap-tim-ba-noi-viet-nam-manh-moi-tu-mot-nha-tho-o-tphcm-185250603113822844.htm
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